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Ville de Pont l'évêque
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Le quai des Gabarres

Catégories : édifice

La voie d’acheminement

Le quai des Gabarres

Des barques à fond plat appelées « gabarres » sillonnaient la Touques, transportant des matériaux, du sable, du bois, du cidre … Jaugeant de dix à trente tonneaux, elles étaient tirées par des hommes et des chevaux qui suivaient un chemin de halage, établi sur la rive droite de la rivière. Ce chemin avait encore en ville, en 1808, une largeur de huit mètres (ce qui avait entraîné le refus d’une autorisation d’alignement demandée par un riverain). Dans les herbages tout empiètement sur la rivière était interdit par un arrêté du Baron Méchin, Préfet d’Empire. Il fallait maintenir une largeur suffisante au lit de la Touques et établir des « évitoires » dans les parties étroites pour permettre le croisement des barques. Déjà, sous l’occupation anglaise, en 1446, le roi Henri VI avait fait élargir et canaliser la rivière depuis la mer jusqu’à Lisieux.

Cependant, la navigation restait contrariée par le mauvais vouloir des riverains qui n’entretenaient pas le chemin de halage et étaient fréquemment mis en demeure de le rétablir à sa largeur réglementaire (7,80 m en 1821) pas plus qu’ils n’entretenaient les ponts franchissant les criques formées par les affluents de la Touques et qui n’étaient que trop souvent constitués que de planches vermoulues, ce qui occasionnait parfois la noyade des malheureux bateliers.

Les quais de Pont-l’Evêque étaient très animés. A la fin du XVe siècle, lorsque l’on réparait (réparations qui étaient surtout une reconstruction), l’église Saint-Michel, la pierre de Caen était amenée à pied d’œuvre par des gabares approvisionnées à Roncheville où arrivait par bateau le matériau au prix de quinze sols le tonneau.

En 1640, l’activité commerciale de la ville était telle que l’adjudicataire des droits de tarif (de nos jours on dirait droit de place), Jean le Cordier, payait une redevance annuelle de 4855 livres pour percevoir la recette sur les fourrages, la viande de boucherie, le sel, le poiré et le cidre déposés sur les quais, ainsi que celle des foires de Saint-Michel et de Saint-Martin qui étaient en outre assujetties à un droit de regard (c’est-à-dire à une redevance en nature consistant en poules, chapons, œufs, pains et gâteaux ; la volaille à Noël ; les œufs à Pâques).

Le quai des gabarresLes quais se trouvaient de part et d’autres de la rivière en aval du pont des Chaînes ainsi que sur la rive gauche de la Calonne (ou rivière de Saint-Melaine). Le quai Lormer se situait au confluent des deux rivières. Sur ce quai et ceux de la Calonne, parallèle à la rue du Faubourg-Nival (la rue Thouret actuelle), la plus passagère et la plus commerçante de la ville, avec ses sept tanneries, avant l’ouverture de la rue Neuve (la rue Hamelin) et de la rue de Launay, les marchandises s’entassaient. Les gabares descendaient des quais du Breuil (situés sous le Château) et de Pierrefitte (qui faisait face à l’église de Manneville, et est encore signalé de nos jours par une allée d’arbres) des futailles, des bûches et des côterets. En 1739 François Jean, Maître-gabarier à Roncheville, faisait marché avec Antoine Bouchard, marchand de bois à Saint-Gatien, pour transporter des quais de Pont-l’Evêque au quai au Coq à Tourgéville, les côterets achetés au Prieur de Saint-Himer. Il en coûtait dix-neuf livres pour le transport, chaque gabare portant trois mille côterets.

En août 1765, le Grand Orgue acheté par la Fabrique de Saint-Michel de Pont-l’Evêque à Rouen, à la suite du départ des Jésuites, était débarqué sur le quai de l’église.

Cette activité fluviale n’allait pas sans difficultés. Le pont des Chaînes constitua de bonne heure un obstacle à la navigation. La réfection d’une arche (le pont avait primitivement deux piles supportant des arcades d’inégale grandeur) et son remplacement par un tablier de bois avait interdit le passage aux gabares de plus de 10 à 12 tonneaux. Or, le Maître-gabarier de Roncheville, François Delphin Paulmier, qui disposait de barques de 26 à 28 tonneauxse voyait réduit à l’inaction. Il proposa au Préfet, en 1806, de reconstruire une arcade en l’élargissant ; après avis favorable des Ponts-et-Chaussées, et se proposant d’exécuter les travaux à ses frais, il obtint satisfaction par arrêté préfectoral du 8 avril 1806.

La navigation restait très difficile sur la rivière aux nombreux méandres. Déjà la construction de la Route Royale d’Alençon à Honfleur, entreprise quelques années avant la Révolution, avait fait préférer cette voie de terre.

Le long de la Touques

Après 1848 la navigation cessa pratiquement, lors de la suppression du pont-levis de Touques. Si la rivière restait navigable en théorie jusqu’au Breuil (limite de l’Inscription Maritime, par décret du 4 juillet 1853) les pêcheurs seuls l’utilisaient, bénéficiant de la libre circulation le long de ses rives. Depuis 1926 la Touques a cessé d’être navigable, mais est restée dans le domaine public.

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